« La justice des hommes n’a ni le pouvoir de réparer, ni d’annihiler les souffrances nées du crime, ni de rendre la vie. La restitutio in integrum lui demeure impossible. Il y a cependant une nécessité de juger : il y a un besoin de justice. L’injustice est un marqueur de souffrances terribles mais c’est aussi une sorte de négation des valeurs essentielles qui font l’humanité. Elle permet pour la victime de se voir restituer la dimension de personne humaine par ses semblables qui sont les jurés et les juges. Elle permet une commémoration collective ». Les propos de l’ancien Bâtonnier du barreau de Paris, Me Christian Charrière-Bournazel qui a participé au procès Barbie en 1987 pour une descendante d’une victime, puis plus tard au procès Papon au nom de la Licra, ont donné le ton du colloque qui a permis de donner la parole à des acteurs et témoins de grands procès historiques.
Ainsi, avec Me Bertrand Favreau, président de l’Institut des droits de l’homme des avocats européens, qui a été un des avocats des parties civiles dans le procès Papon, l’écrivain Marek Halter dont certains souvenirs d’enfance sont dans le ghetto de Varsovie et le philosophe François Azouvi, il a pu revenir sur la nécessité de juger dans le cadre particulier des crimes contre l’humanité et dans le prolongement questionner le sens et le rôle de la justice pénale dans le contexte contemporain des attentats terroristes.
Me Olivia Ronen dont le nom est indissociable du procès des attentats du 13 novembre 2015 est venue exposer de manière magistrale le rôle d’un avocat de la défense. La soirée grand public prolongeant un colloque de recherche, a permis à plus de 300 personnes de comprendre comme l’État de droit place la justice au cœur de ses préoccupations et comment la nécessité de juger fait partie des valeurs de l’Union européenne.
Armelle Gosselin-Gorand